LA PLEINE CONSCIENCE

Par Laurence Lavallée, M.Sc. Psychoéducatrice

Les termes mindfulness et pleine conscience sont popularisés depuis plusieurs années. Mais, en quoi consiste réellement la pleine conscience ?

La pleine conscience consiste en « un état de conscience qui résulte du fait de porter son attention, intentionnellement, au moment présent, sans juger l’expérience qui se déploie instant après instant » (Kabat-Zinn, 2003).

En d’autres mots, elle consiste à observer ce qui se passe dans le moment présent sans porter de jugement.

Pourquoi s’y intéresser ?

Le cerveau humain a tendance à vagabonder ou à se promener dans le passé et le futur. Selon des données de recherche, 40 à 60% de nos pensées ne seraient pas en lien avec ce qui se passe dans l’instant présent. C’est énorme !

Or, ce passé et ce futur sont imaginés dans le moment présent. Ils ne correspondent pas à la réalité vécue.

Cette faculté aurait une fonction adaptative:

  • le fait de pouvoir penser au passé nous permettrait de réévaluer les expériences vécues et d’apprendre de ces dernières
  • le fait d’anticiper le futur nous permettrait de prévenir des dangers et de nous protéger.

Bien que cette capacité à faire voyager les pensées dans le temps soit utile, elle peut entraîner des impacts négatifs. Elle peut en effet nous projeter dans des ruminations passées ainsi que des anticipations futures. Notre esprit peut se retrouver envahi par ces scénarios et nous éloigner de la réalité du moment présent.

Le cerveau n’étant pas très doué pour départager la réalité des scénarios imaginés, notre corps et notre monde émotionnel réagissent à ces derniers. Le cerveau fusionne aux histoires qu’il se raconte : il les considère comme la réalité.

Tandis que mon cerveau s’imagine que je puisse mourir d’un accident de voiture, mon cœur peut s’emballer, je peux avoir les mains moites, les jambes qui tremblent, suer et ressentir une panique. Mon corps réagit comme si le scénario était réel.

La réalité se situe cependant dans l’instant présent.

Des bienfaits sont associés au fait de se centrer sur l’ici-et-maintenant dans certaines cultures depuis des centaines d’années. Les religions intègrent différentes formes de méditation qui impliquent la pleine conscience dans leurs pratiques.  Or, dans les 50 dernières années, la psychologie s’est intéressée à ces pratiques ancestrales.

Ce n’est pas parce qu’une pratique est ancienne qu’elle est nécessairement valide. Des chercheurs ont donc évalué, dans des études rigoureuses, si les bienfaits évoqués dans les différentes cultures, comme la culture indienne, étaient valides. Des milliers d’études ont démontré des impacts positifs de la pratique de la pleine conscience sur la santé physique et psychologique.

De nombreux bienfaits sur la santé mentale y sont associés :

  • Augmentation de la satisfaction de vie
  • Augmentation des affectifs positifs
  • Augmentation de la vitalité
  • Diminution de l’anxiété
  • Diminution de la dépression
  • Augmentation de la concentration et de l’attention

De nombreux bienfaits sur la santé physique y sont également attribués :

  • Diminution du niveau cortisol (hormone du stress)
  • Diminution de l’inflammation et de la tension artérielle
  • Diminution de la réactivité du système nerveux
  • Augmentation du taux de mélatonine (hormone du sommeil)
  • Augmentation du taux de sérotonine

Comment cette pratique agit-elle sur ces composantes ?

La méditation de pleine conscience permet d’augmenter la conscience métacognitive. En d’autres termes, elle permet de développer la compréhension des émotions et des pensées comme étant transitoires. Elle permet de nous détacher de nos états internes et de diminuer notre tendance à les considérer comme la réalité.

Par exemple, mon cerveau peut me raconter que je vais perdre mon travail et me retrouver à la rue parce que j’ai commis une erreur. Il s’agit d’une histoire que mon cerveau se raconte qui ne correspond pas nécessairement à la réalité. Il s’agit simplement d’une pensée.

Notre cerveau nous raconte une variété d’histoires qui ne font pas nécessairement de sens. Faites l’exercice : dites « je ne suis pas capable de me lever » en vous levant ! Ce que notre cerveau raconte n’est pas nécessairement vrai.

La pratique de la pleine conscience permet également d’augmenter l’exposition intéroceptive, ce qui signifie qu’elle permet de nous exposer à nos sensations physiologiques. Nous ressentons des sensations, agréables ou désagréables, à chaque instant. Ça peut être la faim, une joue qui pique, une sensation de chaleur, des joues qui rougissent, et bien plus encore. Nous pouvons avoir tendance à interpréter nos sensations physiologiques comme des alarmes ou des signes de détresse. Le fait de pratiquer la conscience corporelle permet de nous désensibiliser à nos pensées, émotions ou sensations physiques associées à la détresse.

Par exemple, ce n’est pas parce que mon cœur bat plus rapidement que je dois me préparer à combattre un danger.

Comment exercer la pleine conscience ?

Différents exercices peuvent être effectués pour développer notre capacité à nous connecter, ou nous reconnecter, au moment présent :

  • L’observation de la respiration
  • Le scan corporel
  • La relaxation musculaire progressive
  • L’observation des stimuli perçus par les sens
  • La marche consciente
  • etc.

Un service professionnel, avec un intervenant formé en utilisation de la pleine conscience à des fins thérapeutiques, peut s’avérer d’un grand soutien.

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RÉFÉRENCES

Clark, D. A., et Beck, A. T. (2010). Cognitive Therapy of Anxiety Disorders. New York, NY: The Guildford Press.

Ngo,T. L., et Dionne, F. (2018). Pleine conscience et relation d’aide. Théories et pratiques. Québec, Qc : Presses de l’Université Laval

Ngô, T.-L. (2013). Revue des effets de la méditation de pleine conscience sur la santé mentale et physique et sur les mécanismes d’action. Santé mentale au Québec, XXXVIII(2), 19-34.

Kabat-Zinn, J. (2003). Mindfulness-based interventions in context: Past, present, and future. Clinical Psychology: Science and Practice, 10(2), 144–156. https://doi.org/10.1093/clipsy.bpg016

Keng, S. L., Robins, C. J., & Smoski, M. J. (2011). Effects of mindfulness on psychological health: A review of empirical studies. Clin. Psychol. Rev. Clinical Psychology Review, 31(6), 1041-1056

Hayes, S. (2019).  Un esprit libéré. Le guide de la thérapie d’acception et d’engagement. Robert Laffont.

Maex, E. (2011). Mindfulness : apprivoiser le stress par la pleine conscience. Une introduction aux approches basées sur la pleine conscience. De Boeck.

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